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vendredi 19 août 2011

LA DYNAMIQUE DES GROUPES ET LES TEMOINS DE JEHOVAH

Nous savons tous que la notion de « groupe » est le socle d’une secte.

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Pionnier le la psychologie sociale, Kurt Lewin (1890-1947) et l’un des premiers à avoir exploré la manière de fonctionner d’un groupe.
Il a mis au jour le fait que pour qu’un groupe fonctionne, il faut que se crée une cohésion sociale. Et pour qu’une idée soit admise par le groupe entier, il doit y avoir une réflexion commune, et que les membres prennent des décisions ensemble.
Dans le cas d’une secte comme celle des Témoins de Jéhovah, ce système peut être analysé très succinctement.
A savoir que chaque réunion donne l'illusion à l'adepte d'un groupe de travail, où chaque membre participe activement et prend la parole. Ce fait là permet à chaque individu d’avoir le sentiment, de par son action participative, d’être acteur de ses propres décisions.

Chaque réunion est soigneusement préparée à l’avance. Chaque adepte, ou participant actif, se doit de préparer cette réunion avant d’y venir. Sur le manuel étudié, il y a, à chaque paragraphe, des questions types, qui permettent non pas la discussion, mais d’intégrer la pensée essentielle du dit paragraphe (l’adepte a le sentiment de pouvoir discuter de ce qui est dit).
Ainsi pour chaque question posée lors de la réunion, l'adepte a le choix entre lire ou reformuler quasi in-extenso la réponse donnée par la publication, ce qui lui donne au fil du temps le sentiment d'appropriation de la dite réponse. Il la considère comme sienne, puisqu'elle sera verbalisée,  chaque semaine, devant un public d'environ une centaine de personnes.
Lewin, puis Allport prouvèrent que si un groupe parvient à amener un sujet à produire un comportement public  allant dans le sens de la norme à établir, le sujet a d'autant plus de chance d'intérioriser cette norme, puis de la considérer comme sienne.
Festinger, quand à lui montrera que si le sujet éprouve un malaise (dissonance cognitive), car il existe un écart entre ce qu'il pense et le comportement qu'il vient d'émettre, il sera amené à produire un autre comportement afin de réduire ce malaise.
En somme, plus il émettra de comportements contraires à ses anciennes croyances, plus il fera en sorte de réduire cet inconfort, en continuant sur sa lancé, afin d'être cohérent avec lui même.

Pour qu'il  y ait intériorisation d'une idée, menant à des comportements normatifs,  le groupe est donc primordial.
Il est  amplificateur d'affects et de comportements.

Donc, pour récapituler :
- le membre actif, chez lui, lit une première fois seul et/ou en famille, le chapitre, pose les questions  après lecture de chaque paragraphe (écrites à la fin de chacune des pages) , souligne la réponse dans le paragraphe afin de reformuler l’idée essentielle, et la retenir.
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- Il assiste ensuite à une réunion (5 par semaine) et il recommence mais cette fois-ci en groupe : un orateur lit la publication, pose les mêmes questions, et les participants répondent en lisant le paragraphe (questions préparées et déjà soulignées au stabilo, avec éventuellement des recherches personnelles allant strictement dans le sens de ce qui vient d’être formulé)…
Chaque participant a alors le sentiment de faire parti de ce groupe et surtout d’avoir compris le pourquoi de ce qui lui est demandé, qui est de l’ordre de la doctrine. Il devient un membre à part entière de celui-ci.
Sauf que ce n’est qu’un sentiment, une illusion et non une réalité.

POURQUOI ?

Parce que, lors de ces réunions, vous ne verrez aucun membre poser de question ouverte.
S'il n'est pas en accord avec la pensée jéhoviste, il ne pourra en aucun cas en parler ...
Pourquoi ? Parce qu’il risquerait d’être mal perçu par le groupe, et serait  mis à l’écart…
Un TJ qui doute est un TJ qui manque de foi , qui faiblit...
En fait, chaque TJ, ne fait que lire, absorber, préparer quelque chose qu’il va lire une nouvelle fois en réunion  sans avoir la réelle possibilité de poser des questions, (pour un nouvel adepte c’est assez différent, au contraire ça montre qu’il est VRAIMENT intéressé par les TJ et leurs enseignements. En revanche cela leur donne la possibilité aux TJ de mener  des discussions ciblées sur ces doutes).

La personne rentrera chez elle avec un pseudo-savoir, des tas de recommandations sur ce qu’elle peut faire, ce qu’elle doit faire, sur ce que sa « conscience » lui laisse arbitrer elle-même… elle aura l’impression d’avoir été active, ce qui amplifiera son sentiment d’appartenance au groupe.

L'adepte  Témoins de Jéhovah se posant des questions n'a pas le loisir de laisser le questionnement d'immisser dans sa vie. Il aura "éduqué sa conscience" de manière à ce que dès qu'il doute,une petite voix intérieure lui dise : « Attention, tu te relâches...tu doutes par faiblesse ou manque de foi ». Le doute est associé à une perte de foi, à un affaiblissement spirituel, visible par tous.
Soit il s’en ouvrira à un ancien, et les anciens viendront régulièrement le voir pour évaluer son manque de « spiritualité », soit il s’en ouvrira à un autre membre, qui risque de s’en ouvrir à un ancien…et là ce sera pire pour lui : « Tu n’a pas confiance en Jéhovah, ni en son organisation »….florilège de textes bibliques, et si la réponse à ses doutes ne se trouve pas dans la Bible, il aura droit à une petite pirouette avec un texte bateau type qui s’applique à tous les cas de figure…
Pour conclure, si une personne s’intéresse aux phénomènes sectaires, elle peut se diriger vers des auteurs comme Lewin entre autre qui a disséqué le mécanisme de "dynamique de groupe". Plus récemment Joule a mené de  nombreuses études sérieuses sur la manipulation mentale que vous retrouverez dans son livre :
 "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens".
Enfin, plus la valeur morale d’un groupe est mis en avant, moins l’adepte s’accordera la liberté de la discuter.
Dans un mouvement sectaire, l'idéologie est très forte, et tourne essentiellement autour de valeurs morale


S.T

2 commentaires:

  1. En France, les Témoins de Jéhovah ne sont pas considérés comme une secte

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  2. Vous avez tout à fait raison. Il en est de même pour tous les groupes religieux, scientologues, raëliens, mormons, catholiques ou musulmans fondamentalistes...
    L'on peut circonscrire les dénominateurs communs qui qualifient un mouvement de mouvement "à caractère sectaire", mais la secte n'a aucune statut juridique chez nous.
    Je veillerai à l'avenir à ne pas utiliser une certaine terminologie.
    CDT

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