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samedi 5 mai 2012

" LES TEMOINS DE JEHOVAH, analyse psychosociale", de Vivien Perrec

Voici la sortie d'un livre qui fait l'analyse du mouvement religieux des Témoins de Jéhovah.
Il se veut objectif, le but n'étant pas de détruire un dogme, mais d'en comprendre le mécanisme au travers du prisme des sciences humaines.


"Les Témoins de Jéhovah, analyse psychosociale" aux éditions Harmattan

mercredi 23 novembre 2011

Modèle thérapeutique de T.NATHAN : comment aider les victimes de sectes

" Longtemps après avoir quitté le groupe, définitivement rompu tout lien avec l'organisation, les personnes ne parviennent pas à extraire la secte du centre de leurs pensées. Malgré les efforts pour s'intégrer, entreprendre de nouveaux projets, les ex-adeptes traversent des périodes de grande fatigue durant lesquelles ils se découvrent cette même fragilité. Il suffit alors d'un rien pour qu'explose la colère, surgisse l'angoisse et s'installe à nouveau la confusion du quotidien, venant leur rappeler qu'un noyau a été touché dans leur être.".
 Nathan et Swertavaegher, Aide psychologique aux ex-adeptes de sectes : l'exemple d'une démarche ethnopsychiatrique, 2002.
Ces chercheurs se sont heurtés à une population qu'ils ne connaissaient pas, et n'imaginaient pas découvrir ce qu'ils y ont découvert.
Entre 1998 et 2002, ils ont reçu au centre G. Devereux plus de 50 profils différents d'ex-adeptes de secte, 90 sujets au total.
Ils disent avoir dû faire tomber leurs préjugés. Ils ne devaient plus seulement se centrer sur le discours de l'ex-adepte, comme il est coutume de le faire dans la démarche clinique, mais s'intéresser de très près à chacune des croyances des personnes en difficulté psychologique. En effet, selon eux,  il est très difficile d'aider un ex-adepte sans connaître les dogmes sur lesquels reposent sa culpabilité, sa honte, ses peurs, son envie d'y retourner...
Il faut le rejoindre dans son histoire, ne pas avoir peur de s'en imprégner.
La première chose qu'ils notent est que ces personnes ont vécu quelque chose "hors du commun", et qu'ils ont dû développer des formes de souffrances psychologiques particulières. Par conséquence, le dispositif d'aide se devait d'y être adapté. C'est l'approche centrale de l'ethnopsychiatrie.
Ils ont donc crée un cadre thérapeutique particulier, qui prenne en compte la dimension du groupe sectaire, non pas, comme étant un groupe imaginaire mais bien réel, et actif.
En effet, beaucoup de psychologues, psychiatres etc...mésestiment l'impact du groupe sur l'individu, ne se centrant que sur l'individu. Hors, pour que l'adepte existe, le groupe doit être considéré comme une entité à part entière. L'adepte dans son groupe est en perpétuelle interaction avec celui-ci, et l'un existe par la présence de l'autre.
Il a été remarqué par les chercheurs ci-dessus, ainsi que par les associations d'aide aux victimes de sectes que ces personnes là ont beaucoup de mal à entamer une démarche thérapeutique, à entrer dans un cadre psychothérapeutique.
Ayant été abusé une première fois et en état de grande vulnérabilité, il reste la peur de s'en remettre à une personne "qui de toutes manières, ne pourra comprendre ce que je vis...", d'où l'intérêt pour l'accompagnant de connaître et comprendre le cadre religieux de l'adepte ainsi que ses croyances personnelles.
Le concept de  "Vérité" revient dans quasi tous les discours de sortants de sectes, quelque soit le mouvement. Et cette notion de Vérité devra être prise en compte dans la compréhension de ce qui se joue pour le sujet mais aussi dans l'interaction thérapeutique. Celle-ci est centrale, omniprésente. Quelle est cette vérité que le sujet détenait jusqu'alors, et qu'il a maintenant si peur de perdre?
Le but de la thérapie sera donc de permettre à l'ex-adepte "d'accéder à ses propres capacités de jugement",de l'aider à faire  un pas de côté...de voir, avec lui, ce qu'il y a de comparable ou de dissemblables ailleurs, de démonter doucement "l'intelligence" du système, tout comme le groupe sectaire a lui-même "monté" le dogme autour du sujet. 
Pour cela, il faudra peut être analyser un dogme après l'autre, comprendre sa raison d'être, et surtout...sa relativité. Hors du système sectaire, que vaut-il? As-t-il toujours un sens? Pourquoi les papous de papouazie agissent différemment et sont heureux? Pourquoi telle religion ayant elle aussi ses dogmes, agirait de manière plus souple? Depuis quand le groupe existe? Qui  le dirige? Il faudra certainement aider, accompagner l'ex-adepte dans cette démarche, car pour lui, fouiller les fondements de son mouvement peut s'apparenter à une double trahison. Il en est d'une part sorti, mais en plus, il tente d'en trouver les failles. Selon les mouvements, il s'agit d'apostasie, le pire des péchés pour un adepte membre d'une secte millénariste.
Mais cela ne suffit pas, T. NATHAN (2003) remarquera que même en sachant que le groupe auquel ils ont appartenu était une secte, les sujets continuent de regretter une partie de leur ancienne vie. C'est  "l'intensité d'une sorte de lien social", le lien au groupe qui est un  manque terrible. MAES (2002), compare ce manque au manque addictif, et à divers égard les symptômes sont similaires.
Les croyances intégrées durant toute la durée de l'embrigadement, ne disparaissent pas d'un simple coup de baguette magique, même si la personne sait que tout est faux....Il reste l'empreinte. L'empreinte d'énoncés, de règles, de versets  tambourinés pendant des années, tous les jours!  Il s'agit d'un véritable apprentissage conditionné.
Ne trouvant de place, ni dans leur nouvelle vie, ni dans l'ancienne, l'envie d'y retourner reste tenace : "Je sais que cela fait mal, mais au moins je sais où je suis...le monde dans lequel j'entre ne me comprendra pas, est dangereux, bien plus que de là où je viens..."
" Les sentiments des sortants de sectes
   Sentiment dépressif avec quelques constantes : 
  •   Arrêt de la pensée, leur interdisant de comprendre ce qui leur est arrivé, de construire de nouveaux projets de vie..
  •   Sentiment d'avoir perdu une part importante de leur vitalité dans la secte : sensation de solitude profonde et constante isolée, sans affiliation fonctionnelle, sans goût à la relation.
  • Ils ne parviennent plus à faire la distinction entre leur propres pensées et celles inculquées par la secte. 
 Aide thérapeutique, schéma d'intervention : 
- Parasitage : la secte laisse des traces, même lorsque la personne en est sortie depuis longtemps.
- Asthénie : la perte de goût à la vie est constante, il n'y a plus d'intérêt à entreprendre des activités  x ou y .. 
  • Déconstruction : T. NATHAN parle de déconstruire les attaches encore existantes.  C'est là que l'on entre dans le récit de vie de la personne et qu'il est possible de l'accompagner dans cette déconstruction (par les questions plus haut invalidant la théorie de la vérité unique et la supprématie de la tête pensante du groupe) La difficulté vient du fait que "cette vérité" s'est infiltrée très profondément dans le coeur des personnes.
  • Expliciter l'intentionnalité cachée du mouvement, en examinant dans le détail la stratégie qui sous-tend la fabrication des dogmes, rites..
  • Prendre au sérieux l'intention du groupe sectaire de modifier les personnes.         Examiner les théories développées au sein du groupe, même si elles paraissent non pertinentes, et les considérer comme indépendantes (objets parasites) du sujet, sachant  qu'il est possible de s'en défaire.                                                                                        
  • Reconstruire avec le sujet les différentes théories à partir desquelles il a été pensé par le passé.
1. Traiter les événements traumatiques
2.Rendre apparent les mécanismes de fonctionnement des groupes dans lesquels les personnes ont été plongées.
3. Identifier les intentionnalités à l'oeuvre dans les groupes.
4. Rechercher les traces parasites continuant à agiter au coeur du fonctionnemetn psychique des personnes.
5. Partir à la recherche des attachements antérieurs (familiaux, culturels, idéologiques...)
6. Permettre à la personne d'élaborer de nouvelles modalités d'être.
Selon certains cliniciens l'adhésion à une secte serait comparable à une addiction, ce qui à mon sens n'est pas faux et qui se retrouve dans le sentiment de manque que le sujet éprouve depuis sa sortie et longtemps après. Cependant, je ne suis pas certaine que l'on puisse aider un sortant de secte de la même manière qu'une personne ayant une addiction comportementale. 
Les ex-adeptes ayant réussi à sortir  de l'engrenage de la peur de l'autre, de la solitude omniprésente, des pensées ruminantes, et qui parviennent à avoir un certain recul sur leur cheminement personnel disent avoir dû faire un pas vers l'autre, s'être astreint à sortir, même lorsqu'ils n'en avaient pas envie...
Pour le traitement des addictions, certains préconisent l'ajout de petits plaisirs dans la vie de la personnes (Lançon C). Le but n'est pas d' enlever, d'extraire l'addiction d'un seul coup, étant donné que cette dernière prend toute la vie du sujet. On demande à la personne de choisir un plaisir, un seul,  et de le pratiquer pendant quelques temps...Lorsqu'en fin la personne éprouve du plaisir à cette activité,on introduit un deuxième plaisir....et ainsi de suite. La vie de la personne ne tourne plus autour de son addiction,( le plaisir étant partagé entre plusieurs activités), et elle peut à nouveau imaginer  recréer un lien à l'autre, peut se réinsérer, et de là elle pourra reprendre confiance en elle.
Ainsi, progressivement le sujet sera plus à même de se détacher de son addiction principale.
S.T
MAES,  « La « chose » sectaire » , Psychothérapies, 2002/3 Vol. 22, p. 175-188. DOI : 10.3917/psys.023.0175 
NATHAN, T. Sortir d'une secte, Les empêcheurs de tourner en rond, Paris : Le Seuil, 2003

 
 
 
 

dimanche 9 octobre 2011

vendredi 9 septembre 2011

BARBARA, ancienne rédactrice à la Watchtowers

Ex Témoin de Jéhovah, témoin oculaire privilégié de malversations

  Introduction

De source danoise :
Dans le courant de l’automne 2005, accompagné de Bill Bowen, un ex ancien du Kentucky qui vient en aide à de nombreux enfants Témoins de Jéhovah victimes d’abus sexuels, j’ai rendu visite à Barbara Anderson.
Mon propos, en contactant Barbara, était de découvrir comment les choses se passaient, pour elle, depuis la fin de son association avec les Témoins de Jéhovah fin 2002, et je lui ai demandé si elle voulait raconter son histoire pour mon livre. Elle a accepté et m’a envoyé plus d’informations que je ne pouvais en imprimer en seulement dix pages. Nous nous sommes mis d’accord pour que je condense son histoire pour mon livre, Dommedag må vente (Le jour du jugement doit attendre), mais je lui ai promis que j’essaierai de publier la version longue de son histoire sur le site internet Gyldendal. Dans ce but, Barbara a édité les documents qu’elle m’avait fournis à l’origine, en y incluant de nouvelles informations qui ne figuraient pas dans les premiers documents qu’elle m’avait envoyés. C’est pourquoi il y a quelques différences entre le récit actuel de Barbara et celui de mon livre.
Lorsque dans un premier temps, j’ai demandé à Barbara d’écrire son histoire, je ne savais pas grand-chose des problèmes rencontrés par les enfants Témoins de Jéhovah, victimes d’agressions sexuelles. Cependant, après avoir lu le récit de Barbara, j’ai été forcé de réviser mon attitude envers ce problème sensible, et finalement j’ai décidé de révéler le témoignage oculaire de Barbara, car il semble représenter une part importante de l’histoire récente des Témoins de Jéhovah indépendamment du nombre des cas.
Je suis sûr que la question relative à la pédophilie, à l’intérieur de l’organisation des Témoins, est des plus complexes ; en effet, les Témoins de Jéhovah en tant que mouvement, aurait pu être choisis par des pédophiles individuellement ou en groupe, parce que cette organisation est de structure patriarcale et fondamentaliste.
Cependant, depuis le début, la politique concernant les abus d’enfants Témoins semblent avoir été un problème, et malgré que les responsables de l’organisation ont maintenant changé d’attitude et ont décidé de réformer leurs politiques, ils semblent qu’ils aient toujours des problèmes à ce sujet.



SUITE ici :http://www.testimoni-di-geova.info/spip.php?article6 : 20 pages instructives sur le fonctionnement des TJ de l'intérieur, du comment achètent -t-ils leurs immeubles, au comment sont traitées les questions de pédophilie en interne...puis à la rédaction des livres, support de l'endoctrinement.

vendredi 26 août 2011

ADFI Comment reconnaître une secte?

ADFI

1. Définition

Les critères de jugement ne sont pas au niveau idéologique des croyances mais au niveau des agissements et des comportements qui portent atteinte aux droits de l'homme, à la dignité et à la liberté de la personne humaine.
Une secte est un groupe dans lequel on pratique :
- une manipulation mentale qui entraîne : endoctrinement, contrôle de la pensée, viol psychique.
- une destruction de la personne : sur un plan :
physique : alimentation carencée, manque de sommeil, travail intensif;
psychique : altération de la personnalité, du comportement et de l'esprit critique;
intellectuel : rétrécissement des champs de connaissances extérieures à la secte;
relationnel : régression des capacités de communication;
sociale : animosité totale envers le système global de la société;
- une destruction de la famille : critiques, attaques, injures, calomnies. Éloignement, rupture de la relation parents/enfants. Séparations, divorces.

Voire : une destruction de la société : soit en empêchant les adeptes de participer à la vie sociale et culturelle de leur pays. Soit en demandant à des adeptes d'infiltrer tous les réseaux de la vie économique, politique.
Avec à la base : une escroquerie intellectuelle, morale et financière.


2. Comment les sectes conditionnent-elles ?

- Un gourou : un leader incontesté, incontestable, craint, aimé.
- Une doctrine : message unique et ultime de salut.
- Un groupe : chaleureux, hiérarchisé. - Vont accomplir un conditionnement du futur adepte en quatre étapes :

Première étape : séduire et survaloriser:

En proposant des réponses simples et même simplistes aux questions complexes de l'existence (la vie, la mort, la maladie...) à l'intérieur d'un groupe a priori chaleureux.
En utilisant tous les grands thèmes mobilisateurs de notre époque : écologie, OVNI., méditation, relaxation...
En valorisant le futur adepte : "Tu es beau, intelligent, nous avons besoin de toi pour une grande mission".
En lui garantissant le bonheur, la liberté, la connaissance.

Deuxième étape : anesthésier l'esprit critique et la personnalité

En créant un état de fatigue : longues journées de travail, conférences, démarchage à domicile ou sur la voie publique, longs temps de méditation, de prière, de formation à la doctrine du groupe.
En modifiant les habitudes alimentaires : régime, jeûne,...
En créant des conditions de vie qui empêchent le futur adepte de prendre le recul nécessaire et qui l'autoriserait à réfléchir à ce qu'il fait ou vit.
En réduisant l'intimité jusqu'à la rendre dérisoire : impossibilité d'être seul un instant, obligation de se raconter, confession obligatoire et dirigée...
En modifiant le vocabulaire : le futur adepte doit s'approprier un langage qui "sonne" bien, qui fait sérieux, scientifique ou religieux, mais qui n'a de sens qu'à l'intérieur du groupe. Cette technique, sournoise, le prive de toute communication avec le monde, et en fait, paupérise sa pensée (résultat très exactement opposé à ce qui était proposé au cours de la première étape).

Troisième étape : renforcer l'adhésion au groupe et favoriser les ruptures

Abandon des études
Départ à l'étranger (pour une formation généralement)
Rupture avec la famille, les amis, la société. Toutes les informations qui proviennent de l'extérieur sont déclarées suspectes ou manipulées. Toutes les personnes qui critiquent la secte sont décrient comme négatives, dangereuses, opposantes aux progrès de l'humanité. Il est fortement conseillé de ne pas ou de ne plus les fréquenter, de les calomnier et éventuellement de les poursuivre en justice. La famille est parfois déclarée responsable de toutes les difficultés que connaît ou qu'a connues l'adepte.
La société y est représentée uniquement comme un lieu de perdition, la médecine comme inutile, la psychiatrie comme dangereuse, les religions comme complètement dépassées, la politique comme désuète. Seul le groupe conduit par SON MAÎTRE qui s'auto-proclame sauveur de l'humanité, peut conduire les hommes sur le chemin du bonheur.
Les adeptes ont alors la certitude d'avoir une mission rédemptrice à accomplir mais, leur dit-on, "la société a des résistances, des habitudes, des intérêts, on ne vous croira pas, on vous persécutera. C'est ici la preuve que vous êtes dans la vérité. N'en fut-il pas de même pour la plupart des disciples de la paix ?" Raisonnement habile. Plus on s'oppose à un adepte et plus on renforce son adhésion au groupe.

Quatrième étape : rendre le retour impossible

L'absence de revenus, de couverture sociale, de réelle expérience professionnelle, rendent le départ délicat.
Les déplacements géographiques fréquents ne permettent pas de tisser des liens avec les personnes extérieures au groupe et qui pourraient aider à un retour.
Les anciens amis n'existent plus.
Les liens familiaux ont été coupés ou sont conflictuels.
On s'est marié à l'intérieur du groupe, on a des enfants... Impossible de partir seul, il faut être deux à le vouloir en même temps.
On a peur. La discipline est rigoureuse, les punitions sont sévères, la délation est permanente, on craint le monde extérieur, on a des dettes, on redoute des représailles.
On reste, on se laisse faire.
Le bonheur, la liberté, l'épanouissement ou la connaissance sont promis à chacune des étapes, si bien que l'adepte accepte de souffrir encore plus que ce qu'il pouvait souffrir à l'extérieur (au moment de son engagement) parce qu'à chaque fois, il se dit qu'il serait trop bête de s'arrêter si près du but, que toute sa souffrance (et parfois son argent) n'aurait servi à rien. Plus l'adepte a souffert, plus il est près à souffrir davantage.

Les quatre étapes que nous venons de décrire : séduire et survaloriser, anesthésier l'esprit critique et la personnalité, renforcer l'adhésion au groupe et favoriser les ruptures affectives, sociales, et culturelles, rendent le retour impossible, tendent à créer progressivement un état de fusion et de confusion mentale qui se traduit par une grande infantilisation. Les adeptes sont alors aux ordres de leur maître et sont susceptibles de se transformer en de redoutables fanatiques. La plupart des gourous ne sont-ils pas paranoïaques ?





jeudi 25 août 2011

CLIVER POUR MIEUX REGNER, l'utilisation du clivage dans les sectes

CLIVER POUR MIEUX REGNER, l'utilisation du clivage dans les groupes sectaires.

Tous les groupements sectaires use et abuse  du clivage, comme mécanisme de défense principal.

Tout d’abord l’on tente de remettre en question chaque croyance de l'adepte, tout  en la remplaçant immédiatement par une autre, celle du mouvement.
Jusque là, la personne avait une vie normale, insérée dans son groupe d’appartenance (famille, amis, collègues de travail, vie associative…), avait un système de croyances flexible, pouvant être aisément questionné, et questionnable. 
Si le sujet adhère à ces nouvelles croyances, c’est bien parce que les anciennes étaient aussi sujettes à caution, et donc qu’il s’accordait le droit et la liberté de les discuter.

Le groupe sectaire va donc jouer sur cette liberté là. Il va discuter avec la personne pour la déstabiliser dans sa croyance.
Une fois la déstabilisation opérée, il va pouvoir introduire Sa pensée,   preuve à l’appui : Bible, Coran, tout texte dit sacré et parole unique d’un être dit supérieur.
Une croyance…puis deux puis trois….jusqu’à être parvenu à installer les bases de sa future personnalité.
La personne devient alors vulnérable. Elle se situe à la frontière de deux systèmes de croyances. Elle a encore en tête son ancienne vie, son ancienne manière de penser, mais adhère malgré elle à une nouvelle conception, sans pour autant pouvoir faire le lien entre les deux.
Puis viendra le moment où elle rejettera en bloc tout ce qui lui rappellera ce qu'elle était avant.

Toutes les croyances vont alors être entendus sur un mode dualiste :
- Bon ou mauvais, chèvre ou brebis,
- Sauvé ou détruit,
- Si je ne prêches pas …pas bien!
- Si je manque une session, séminaire ou réunion…mauvais!
- Si je suis pas baptisés…pas bien…!
- Si je ne suis pas les directives de l’organisation dans laquelle je suis ….pas bien!

Les images :
Les images données à voir sont la plupart du temps angéliques, douces, feutrées.. laissent entrevoir un avenir paisible, idéalisé, à la limite du grotesque pour les personnes de l’extérieur, « les gens du monde, les autres, le monde, les incroyants »…encore un moyen de séparer pour mieux régner.
A contrario, prenez des publications TJ…vous y verrez par opposition : la guerre, des gens apeurés, des maisons détruites, des images de famines, de foudre venant du ciel…

Toutes ces images font appel à des représentations mentales construites, et utilisées constamment, Elles commencent  à toucher la fibre « affects » et à imprégner la personne…pas très agréables à regarder.
Ces images distillent la peur, et ne laissent que deux possibilités, être dans le bon camp, ou le mauvais.

L’utilisation abusive de versets bibliques faisant mention de séparation  et de termes "tranchés"

- L’épée divine qui sépare les bons des mauvais, qui juge, tranche…
- Toute les guerres divines ayant fait des ravages et n’ayant épargnées que les personnes pures.
- Utiliser des termes cloisonnant l’intérieur de l’extérieur :" gens du monde", "les incroyants", "ne vous mêlez pas au monde", "ne vous occupez pas des affaires du monde", "ce monde ci va être détruit", ..." nul besoin de participer à des œuvres humanitaires ni d’ adhérer à une association, ce monde va être détruit" (ceci dit en passant, les mêmes « recommandations » ne sont pas appliquées plus haut puisque dès qu’il y a une catastrophe naturelle, la même organisation accourt pour apporter son aide, sauf que là c’est pour la pub!)
-  Lire des livres spirituels, et surtout ceux du mouvement. Selon le groupe à caractère sectaire, cela va de l’interdiction stricte de lire d’autres ouvrages que ceux du mouvement, à la demi-interdiction..« il est recommandé de… » qui remis dans son contexte signifie « Dieu n’aime pas ce que vous faîtes", ce qui équivaut à une interdiction.
- Préférer sa famille spirituelle à sa famille charnelle, là est la vrai famille : coupure familiale.

Je ne peux d’un simple jet recenser tout ce qui a trait à cette dualité constante, mais au final, l’individu a le sentiment d’être unifié, tout en étant morcelé. Chaque pensée qu'il aura, sera passé au crible de sa nouvelle croyance, de sa nouvelle conscience. Sauf que l'on ne peut faire taire complètement sa capacité de jugement.
Il est sans cesse partagé entre ce qui est bien ou mal, entre ce qu’il doit dire ou pas, manger ou pas, voir ou pas…
Avec le temps il s’en rend de moins en moins compte, puisqu’il internalise complètement un mode de pensées qu’il croit siennes, un mode de vie qu’il pense choisit librement.. (à voir : la soumission librement consentie, recherche de Joule en Psychologie sociale, qui montre comment parvenir à faire choisir à une personne ce que l’on souhaite qu’elle choisisse, tout en lui faisant croire que c’est elle qui fait ce choix!)
En définitive, il est pris entre deux monde réél et irréel, où l’irréalisme est premier.
Ce monde irréel est pour lui un refuge contre tout ce qui est décrié par le groupe sectaire, tout ce qui y est stigmatisé.
En somme il n’y  a plus de nuances permises, tout est blanc ou noir, d’où la difficulté pour reprendre le fil de sa vie ensuite, l’ancien adepte a du mal à avancer pas à pas et à accepter qu’en dehors du groupe sectaire, « dans ce monde », il y a des nuances, et que ces nuances sont vitales pour l’intégrité psychique.

Il faut du temps pour se reconstruire, et étant habitué à fonctionner en tout ou rien, là il se trouve perdu, ayant peur d’avancer en se faisant confiance…

S.T